gestion de stress

Le stress au travail, on en parle ou on le cache ?

2021, c’est l’année de ma certification de coach professionnelle RNCP.
C’était aussi une année encore marquée par le covid avec une organisation différente, mêlant télétravail, enfants scolarisés à domicile, couvre-feu et réunions visio.
Déjà interrogée par le stress dans mon ancien job, j’avais alors décidé d’orienter mon mémoire* sur ce sujet.

D’ailleurs, pour être franche avec vous, je n’avais pas très bien vécu mon oral !  Entre provocation d’un juré “Mais elle est terminée cette crise !” et accueil dubitatif sur la méthode de l’appreciative inquiry d’un autre membre du jury : “20 ans que je suis dans le métier du consulting, jamais entendu parlé”.

Et pourtant ! la crise s’est terminée cette année – On a enfin enlevé les vitres protectrices des magasins – et je me suis formée à cette méthode qui fait ses preuves depuis 40 ans (c’est vieux!).

Mais au fait, c’est quoi le stress ?

Selon un sondage du CSA, en 2000, 30% des patients ont consulté pour des symptômes liés au stress. 72% affirment travailler dans des conditions stressantes et 79% pensent que cela nuit à leur vie familiale.

Frein à l’épanouissement dans une carrière professionnelle, développement de maladies psychologiques et physiques, le stress apparaît comme un fléau dans le milieu des entreprises. A première vue, on pourrait penser qu’il ne profite à personne : ni au salarié, ni au dirigeant d’entreprise ni à l’entreprise elle-même. Mais quel est donc ce symptôme si bien connu par chacun d’entre nous ?
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*Le coaching, un allié fondamental dans la gestion de stress en entreprise. S’appuyer sur l’équipe pour accepter le changement de paradigme lié à cette crise sanitaire.

Définition du stress

D’un point de vue étymologique, « stress » vient du latin « stringere » qui signifie « serrer », « lier », et qui a donné naissance au verbe « étreindre ». Un autre dérivé de « stringere » dans la langue française est le mot « détresse ». D’un côté l’étouffement et de l’autre, le sentiment d’abandon. « Stress » apparaîtra dans notre langue française au XXe siècle sous la définition donné par le Larousse « État réactionnel de l’organisme soumis à une agression brusque ».

Pour l’Agence européenne pour la santé au travail, « un état de stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ».

Ces deux définitions nous le disent : le stress agit sur un individu et il est conditionné par un élément extérieur à lui-même.

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Selon les travaux de Hans Selye, nous créons un syndrome d’adaptation :

1. la phase d’alarme au cours de laquelle l’organisme réagit rapidement à l’agent stressant en tentant de s’adapter.
2. la phase de défense et de résistance, quand la situation stressante se prolonge.
3. la phase d’épuisement apparaît quand l’organisme a consommé toutes ses ressources adaptatives ; elle peut aller jusqu’à la mort du sujet.
Le stress provient donc d’un phénomène d’interactions entre l’individu et son environnement. Ce qu’on lui demande et les ressources qu’il pense avoir pour y répondre.

Le stress selon Lazarus intègre « une dimension cognitive du stress qui correspond à la capacité qu’a l’individu à interpréter les situations et à évaluer ses propres ressources pour y faire face. ». Ainsi, le stress apparaitra s’il y a un déséquilibre d’évaluation de l’équation : interprétation de la menace / identification de ses ressources émotionnelles et comportementales pour y répondre.

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On entendra dire également que le stress peut être normal ou anormal, adapté ou inadapté, sain ou destructeur, … Pourquoi autant d’antonymes ?

Il existe en effet un mécanisme biologique du stress qui fait intervenir le cerveau (hypothalamus, hypophyse), le système nerveux et des sécrétions hormonales (adrénaline, corticoïde, endorphines) pour aider l’organisme à prévenir et à lutter contre un danger. Si ce danger est de l’ordre de notre survie, le stress va augmenter nos capacités physiques pour survivre (ex : apports en sucres et en oxygène augmentés). En revanche, si ce stress est provoqué par des préoccupations professionnelles ou personnelles, ces mêmes substances libérées ne seront pas « consommées » par l’organisme et deviendront alors toxiques.

L’intensité et/ou la chronicité vont rendre le stress négatif. Les Anglo-Saxons le nomment « distress », mot proche de « détresse » en français…

Mais alors, par quels facteurs ce stress est-il provoqué ?

Les sources du stress

En 1950 deux chercheurs, Holmes et Rahe, ont établi une échelle d’événements puisés dans la sphère personnelle et professionnelle auxquels ils ont attribué des points. Deux médecins psychiatres y ont, quant à eux, attribué une note de 0 à 100, 100 étant la note correspondant au stress maximal.  Cette étude a révélé que 37% des personnes ayant eu un score compris entre 150 et 200 points pendant les 12 mois, ont développé des maladies graves (nerveuses ou mentales), 50% pour celles ayant un score compris entre 200 et 300 points et 80% pour celles ayant un score supérieur à 300 points.

Toutefois, cette échelle ne prend pas en compte les différences individuelles face à un changement (âge, environnement, contexte).

On le sait ! Les sources de stress au travail sont multiples : surmenage, pression, l’application boîte mail du smartphone que l’on consulte chez soi et qui nous lie au travail en dehors du cadre réglementaire, le manque de communication interne, les conflits, une mauvaise gestion du temps de travail, un manque d’autonomie…

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L’ANACT, Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, a rendu en 2009 une analyse qui confirme cinq grands facteurs de stress au travail :

  1. L’organisation dans le travail = 40%
  2. La satisfaction des exigences personnelles = 38%
  3. Les relations avec la hiérarchie et les collègues (pourcentage inconnu)
  4. Les changements dans le travail (pourcentage inconnu)
  5. Sensation d’isolement dans les périodes difficiles (pourcentage inconnu)

Plus récemment, l’étude coordonnée par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et publiée en novembre 2016 distingue six axes :

  1. Les exigences au travail
  2. Les exigences émotionnelles
  3. Le manque d’autonomie et de marge de manœuvre
  4. Les mauvais rapports sociaux et relations de travail
  5. Les conflits de valeur et la qualité empêchée
  6. L’insécurité de la situation de travail

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La Dares poursuit l’étude du vécu du travail pendant la crise sanitaire avec une enquête nommée TraCov2 (en cours de publication).

Conséquence du stress

La gestion du stress est une pratique florissante et pour cause ! Le stress engendre non seulement des maladies chez l’individu mais aussi, des impacts sur la productivité en entreprise.

Des symptômes pathologiques
Le stress est une réaction physiologique « normale » et nous concerne tous. S’il persiste, il peut devenir responsable de maladies cardiovasculaires graves, de complications psychiatriques (dépression), psychosomatiques (psoriasis, eczéma), immunitaires sévères (cancer) et d’épuisement professionnel. En Europe et surtout en France, on parle du phénomène de burn-out. Au Japon, on observe des cas de karoshi ou « mort par excès de travail ».

Le stress fait partie des risques psychosociaux en entreprise et, comme le souligne l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, il « désorganise l’organisation dans son ensemble » et ainsi, les collectifs de travail avec: 

  • une augmentation de l’absentéisme et du turnover,
  • des difficultés pour remplacer le personnel ou recruter de nouveaux employés,
  • une augmentation des accidents du travail,
  • une démotivation, une baisse de créativité,
  • une dégradation de la productivité, une augmentation des rebuts ou des malfaçons,
  • une dégradation du climat social, une mauvaise ambiance de travail,
  • des atteintes à l’image de l’entreprise…

L’étude de la Dares, publiée en 2016, dresse d’ailleurs le constat suivant :

  1. 31% des actifs occupés déclarent devoir cacher ou maîtriser leurs émotions.
  2. 47% des actifs occupés estiment qu’ils doivent « toujours » ou « souvent » se dépêcher dans leur travail.
  3. Au moins 64% des actifs occupés déclarent être soumis à un travail intense ou subir des pressions temporelles.
  4. Enfin, 64% des actifs occupés déclarent manquer d’autonomie dans leur travail.

 

Un impact pour l’entreprise

En raison de tous ces dysfonctionnements cités préalablement, les risques psychosociaux coûtent cher à l’entreprise.

En France, le coût social du stress (dépenses de soins, celles liées à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés) a été estimé en 2007 entre 2 et 3 milliards d’euros (étude INRS et Arts et Métiers ParisTech). Au niveau européen, le coût du stress d’origine professionnelle était estimé, en 2002, à environ 20 milliards d’euros par an. Le stress serait également à l’origine de 50 à 60 % de l’ensemble des journées de travail perdues (Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, 1999).
De plus, il s’agit là d’une évaluation dite a minima car elle prend uniquement en compte le « job strain » ou « situation de travail tendue » (combinaison d’une forte pression et d’une absence d’autonomie dans la réalisation du travail) ; ce qui représente moins d’un tiers des situations de travail fortement stressantes.  D’autre part, les pathologies retenues sont celles qui ont fait l’objet de nombreuses études : maladies cardiovasculaires (infarctus, maladies cérébro-vasculaires, hypertension, etc.), dépression et certains troubles musculosquelettiques. »

Le stress est bel et bien un risque psychosocial aux conséquences dramatiques lorsqu’il n’est pas pris en charge. Alors êtes-vous enfin prêt à mettre de l’attention sur cette “maladie du siècle” pour y faire face ? Si vous souhaitez trouver des solutions en équipe, demandez-moi !